mes poèmes de nouillasse

neige

Ils déroulent les tapis
La première neige
Laisse toujours sa trace
Flaque indélébile
D’étendues d’angoisses
Je l’éponge à grosses gorgées
Un goût de sable et de mer
S’engouffre dans mes entrailles
La neige sur langue
L’océan dans les yeux

peau

Mes mains roulent sur les ecchymoses
qui façonnent mes veines
Je ne fais plus la distinction
Entre le moi et le monde
Entre l’écorcheur et la meurtrie
Mes plaies déferlent dans les rues de Montréal
Je n’ai pas pu les contenir
Elles pèsent trop lourd sur mon dos
Elles s’agrippent à mon ventre
À mes tripes
J’appelle ma mère
Des dents acérées qui caressent mes songes
Comment oublier ce qui nous enveloppe
Un voile qui se fait imperceptible
Se dissimule sous la peau des gens
Ceux qui le perçoivent font la queue
Dans un sous-sol un médecin
Me verse de la cire dans les yeux

sans titre 1

Le poids des feuilles
Sur le cuirassé de nos maux
Nous sommes un socle qui n'attend pas l'aube
Pour flétrir
Le sang bourdonne dans les nappes phréatiques
Sous vide, la nature saisit son tour moissonne la chair
Les restes demeurent en suspens

soif

Assoiffée
Je veux tremper mes lèvres
Goûter à toutes les questions
À moitié formulées
Nager par-dessus
Les eaux troubles du passé
Mon épave hostile
Dissimule une anse
Un abri pour se réfugier
Encore quelques vestiges
De l'écume qui
Englouti mon cœur
Un trop plein de bonheur
Je n'ose pas croire
En la chance
Je préfère m'imaginer
Le pire
Pour ne pas avoir
À le vivre
Sublime

allégorie de la caverne

Noir de monde
Cave
Si une grotte se creuse en moi
Non
Pas pour me blottir
Non
Juste pour être un peu
Savoir apprendre à murmurer
À ceux que l'on pense vides
Mais qui se déversent en fracas

à louer

Je me martèle l’intelligence au couteau fin
La lame sur ma tempe glisse sur mes erreurs
Mon cerveau est à louer
une lettre
en dessous de mes yeux
Évincée de mon propre esprit
Les larmes qui naissent ne vivent jamais
Comme une étoile déchue
n’ayant jamais senti sur sa joue
Les rayons froids de la gloire
Et mes petites ailes de cires liquéfiées
avant leurs premiers battements
Mes pieds ont trop froid pour continuer

voyage à venise

Demain
Je me scalperai la peau
L'étendrai sur la corde à linge
Dernier souffle sur Venise

Mon cœur en gondole
J'embrasserai les pieds du canal
Mes cris inonderont les étoiles
Peut-être enfin te parviendront mes lamentations

hiver

Le cœur encabané
L’hiver s’affale
Le long de mon dos
J’ai perdu pied

Le poids de tes larmes
M’entraîne,
Obscure attraction
Vers les parois glacées
De ton âme

ressource naturelle

Ton sang
Coule pour moi
Fais rouler mon cœur

Si on s’y attarde
On entend le crépitement
De l’électricité dans l’air

Le craquement des branches
Sous l’emprise du tonnerre
Qui m’attire jusqu’à toi